L’ART DU DJING EST-IL EN PERDITION ?

Paul Dakeyne a écrit:


Qui veut la mort des DJ ? Ou plutôt, qu'est-ce qui contribue à déprécier l'art du DJing, tant et si bien que bientôt, cette figure centrale des fêtes techno pourrait avoir disparu au profit de... De quoi, au fait ?


Cet article est une traduction d’un billet de Paul Dakeyne paru il y a quelques mois. Il met le doigt sur le mal rampant affectant le DJing : la perte de sens de cet art. La faute à qui ? La technologie en général, et Traktor en particulier ? Non. La faute aux DJ pour qui mixer doit être facile et qui pour cela consacrent leur temps à trouver des facilitateurs techniques pour enchaîner des morceaux qui se ressemblent tous et qu’ils connaissent à peine. Quand le mix revient à demander à un logiciel de caler entre eux des morceaux tous pareils, cet art ne veut plus rien dire. La solution ? Proposition ci-dessous.

Mort ou vif ?

Là tout de suite, je crois fermement que l’art du DJing est vivant, même si pas forcément en bonne santé – mais il lutte pour maintenir sa tête hors de l’eau. Il y a de nombreux DJs partout, que ce soit dans leurs chambres, en studio et dans les sphères du clubbing renommé ou commercial qui sont des mixeurs capables (à savoir qu’ils peuvent réussir à construire un mix techniquement) d’envoyer des tricks, effets, boucles et toutes sortes de phases tape-à-l’œil, mais qui sont en fait de bons DJ – et qu’est-ce qui définit un bon DJ ? Bon, évidemment, un boss des platines doit maîtriser les techniques mentionnées plus haut et être capable de mélanger/assembler un morceau avec un autre pour maintenir en mouvement les pieds des danseurs, mais si le public écoute la radio, sur internet ou en live dans le club, la clé la plus importante est la musique, et le voyage qu’elle procure.

Qu’est-ce qui définit un bon DJ ?

C’est P-A-R-T-I-I-I…

L’environnement du DJ est une lame à double tranchant en ce moment – il y a tellement de technologie disponible, aussi bien abordable que variée (CDJ, DVS, laptops, contrôleurs, etc…), ce qui a pour conséquence de nous donner un environnement privilégié avec tant d’options pour aider le DJ pour sa performance. C’est bien, mais l’autre face de cette vision positive se pose ainsi : sommes-nous si ligotés, préoccupés ou distraits par ce vaste étalage d’options technologiques que nous en négligeons le point le plus important ? Et c’est là que nous en revenons à la musique de nouveau. Si nous ne passons pas notre temps à acquérir, utiliser ou faire joujou avec les derniers équipements en technologie DJ, alors nous parlons et débattons infiniment à propos d’équipements et de logiciels sur de nombreux forums et réseaux sociaux. Finalement, nous perdons un temps précieux (au cours duquel nous devrions perfectionner notre art, que ce soit en travaillant finement notre sélection, ou la composition, l’enregistrement, le mixage…), tergiversant et traînant sans but dans le monde virtuel au lieu de se concentrer sur le monde réel.


Certains fabricants avisés ont conçu du matériel s'adaptant à toutes les morphologies. Ainsi, même les DJ ayant des griffes entre leurs coussinets peuvent s'essayer à créer des ambiances de folie en envoyant la patate en mix.
Livrer la marchandise

La technologie de votre choix est disponible, – elle est abordable (en général) et littéralement, tout le monde peut être (ou essayer de devenir) un DJ. Quel livre, article, manuel ou même un cours de DJ peut vous apporter le talent de savoir sentir un dancefloor, connaître profondément votre musique et être capable d’unir ces deux notions, en les traduisant dans un bon DJ set, une bonne soirée et nom de dieu, obtenir un peu plus qu’un public sympa, en fait plutôt en extase (qui se souviendra de votre musique, jouée fluidement, touchant la perfection émotionnellement et techniquement, si bien que le souvenir de cette nuit vivra longtemps). Donc on en revient à la musique – un bon DJ a besoin de trier parmi ces épées à double tranchant (nombreuses, et donc difficile de choisir les bonnes) dues à la profusion actuelle de musique. De là, il faut choisir le blé et pas la paille, et à partir de là et d’une sélection préexistante de morceaux (une collection), formuler et ajuster à la perfection de belles séquences gracieuses qui emmènent le dancefloor dans le voyage. Jamais je n’approuverai la préparation et l’ordonnancement exact du tracklisting avant une prestation puis leur recrachage précis malgré la possible réaction positive ou négative du dancefloor à une quelconque partie d’un tel set. Simplement utilisez le temps passé dans votre home studio pour devenir intime avec votre musique, et voir comment certains morceaux collent entre eux, et enregistrer votre propre prestation dans son intégralité pour la réécouter plus tard sur un iPod ou dans votre voiture. Continuer de faire cela sans cesse, et quand vous réécoutez, vous entendez la performance et l’émotion qu’elle contient – sans se soucier du matériel ou des logiciels utilisés.

Quel cours de DJ peut vous apporter le talent de savoir sentir un dancefloor ?

Pas si similaire

Une autre chose à prendre en compte est la production de contenu avec votre musique – j’attire votre attention sur une récente session nocturne que j’ai vécu en aidant un animateur de radio locale à produire une demo de présentation pour une autre station de radio. Pour préparer ma visite, je lui ai demandé de préparer une sélection de la musique qu’il diffuserait dans son émission de radio (une émission sur la dance music) et de me l’enregistrer avec ses inserts de voix. Assis devant son Mac avec Logic à l’écran, j’ai parcouru sa sélection et honnêtement – J’ai trouvé quasi impossible de détecter quand un morceau s’arrêtait, un autre commençait et même comment les morceaux se différenciaient. Ceci pourrait évidemment être le testament de ses talents de DJ, ou de l’utilisation de Traktor, mais plus important, c’était un choc pour moi, DJ/producteur et professionnel du secteur de longue date, d’avoir à demander quel morceau était lequel. Rétrospectivement, ce n’était pas le fait que je mixe maintenant pour un club local, mais bien plutôt que la plupart des morceaux de cette sélection de morceaux club utilisaient des boucles similaires, des presets de synthé, des techniques d’enregistrement et de mixage, des chanteurs invités qui sonnaient tous comme celui du morceau d’avant, du morceau d’après et du morceau d’après…


Qui a dit qu'un DJ, c'était un mélange entre un pantin inutile et un mort-vivant qui se la joue ?
Le Pouvoir

De retour aux larmoiements ? Pourquoi ne pas utiliser vos heures perdues pour aller chercher, ou mieux encore, créer votre palette personnelle de sons destinés à votre public – miroir de votre personnalité quand vous sélectionnez (et bien sûr créez) votre musique – ne soyez pas un mouton, mais un berger. Oui, je sais que les artistes socialement connectés sont en général des artistes à succès, mais ne laissez pas ce monde vous avaler. Arrêtez de vous inquiéter à propos du SAM (Syndrôme d’Acquisition de Matériel), calmez la parlotte et allez marcher… Le réel Art du DJing suppose de la communication, de l’empathie et d’être spirituellement convaincu que vos efforts énormes, votre implication et même vos sacrifices peuvent changer la vie des autres gens – autrement dit, votre public. C’est la musique, et votre interprétation de comment la présenter qui fait le pouvoir sans limites du DJ. La technologie est seulement un mode de transmission, le voyage musical et sa destination ultime étant ce qui compte vraiment.”

Paul Dakeyne

KutMe a écrit:Seul ceux qui n'evolue pas mourront !!!!

Kutme a écrit:l'art du DJing est en pleinne Expanssion Sauf pour ceux qui joue vinyl Car le vinyl reviens aujourd'hui a faire du MIX basique

Kutme a écrit:quoi que pour eux ils pensent que le mix viens du vinyl LOOOOOOL alors que ca viens de la K7 et tu recolle les bandes pour ton MIX

MmePop a écrit: parfois, beaucoup d'artifices ne font pas l'émotion...

KutMe a écrit:j'ai pas dit le contraire ^^